vendredi 13 février 2009

Les "Têtes chercheuses" passent à l’action

Mardi 10 février, les enseignants-chercheurs ont manifesté leur colère face à la loi menée par la ministre de l’Enseignement supérieur et de la Recherche, Valérie Pécresse. Cette fois-ci les syndicats étudiants avaient rallié la cause pour défendre les statuts et la formation des enseignants-chercheurs. Un bras de fer idéologique qui n’est pas près de s’arrêter puisque chaque semaine est l’occasion d’organiser des actions pour le corps enseignant.



S’ils se font plutôt discrets, d’habitude, cachés derrière leurs bouquins ou derrière un amphi bondé d’étudiants, les enseignants-chercheurs (EC) donnent de la voix depuis quelques semaines pour protester contre le projet de décret Pécresse. Le 5 février dernier, ils étaient quelques milliers à manifester. Mardi 10 février, le mouvement a pris de l’ampleur grâce à la cohésion des syndicats étudiants. Selon les sources, entre 17.000 et 50.000 manifestants ont défilé entre le Panthéon et l’Assemblée nationale, malgré un temps pluvieux.

Abrités sous des parapluies, les EC et leurs sympathisants n’ont pas hésité à brandir des banderoles fustigeant la réforme voulue par la ministre de l’Enseignement supérieur et de la Recherche. On pouvait lire ici et là « Pécresse Détresse », « La Recherche en danger » ou encore « Enseignants chercheurs d’emploi ».

Chaque semaine est l’occasion pour le corps universitaire d’organiser des actions, tout en prenant soin de ne jamais bloquer l’entrée des facs. Prochain rendez-vous, jeudi 19 février. Une mobilisation qui n’est pas prête de s’arrêter, tant qu’ils n’auront pas eu gain de cause : le retrait des projets de décret.

Ils expriment leur ras-le-bol d’être considérés comme des planqués, et de constater toujours un peu plus d’insécurité dans un parcours professionnel déjà incertain. Car avec la réforme Pécresse il s’agit bien de mettre à mal la carrière des universitaires.

Primo, la formation et les concours de recrutement des enseignants des premier et second degrés sont dans la ligne de mire. Elle remet en cause l’accès de tous les étudiants aux concours de l’enseignement et la formation professionnelle des futurs enseignants.


Savoir contre rentabilité
Secundo, le statut des enseignants-chercheurs est attaqué. Plus d’heures de cours et moins de recherche au compteur, si celui-ci ne possède pas à son actif un nombre de publications requises. Pourtant ce genre de travaux ne devrait pas être soumis aux lois de rentabilité et de productivité.

Il s’agit ici de connaissance et de savoir. C’est bien grâce à ses recherches, à ses heures passées à lire et analyser les travaux qui ont été effectués dans son domaine, que l'EC peut dispenser des cours de qualité aux étudiants.
Et bien entendu, il faut également lire entre les lignes : suppression de postes. Qui dit plus d’heures de cours pour un enseignant, dit un non renouvellement des départs à la retraite.

Sans compter que le président d’université se voit doter de plus de pouvoirs et qu’il est, au vue de cette réforme, la personne qui décide de l’affectation ou non d’un enseignant et de l’attribution de primes. Une dérive qui pourrait coûter la carrière de certains EC en désaccord avec leur président d’université.

Plus qu’un enjeu personnel pour chacun des EC, il s’agit bien ici de défendre un modèle éducatif accessible pour tous dans des conditions respectables et respectueuses aussi bien pour les enseignants que les étudiants. Or avec cette réforme, ce n’est pas uniquement l’enseignement supérieur qui est touché mais l’ensemble du système qui est mis à mal par un simple effet de dominos. Les EC forment les professeurs du secondaire qui éduquent, eux, les collégiens et lycéens.
Un combat idéologique dans lequel le gouvernement pourrait y laisser quelques plumes si le bras de fer se prolonge.

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